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VIVRE FAIRE VIVRE
25 avril 2007

Le Format...anticomplémentarité..

Pour poursuivre et élargir la reflexion sur l'ouverture et la complémentarité (voir Charité..Complémentarité) voici le texte d'un entretien donné au journal "Sud-Ouest" par Michel Serres à l'occasion de la parution de "Rameaux" aux éditions de l'Olivier

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"Un nouvel homme n’est pas loin

 

Je crois que l’on vit et que l’on pense selon des modes extrêmement raides.

 

Plus je vieillis, plus je sais de choses, plus je m’aperçois que l’on est lié à de l’inattendu, à de l’imprévisible : la vie est imprévisible, l’évolution est imprévisible, la pensée est imprévisible, la politique et l’économie sont imprévisibles.

 

Je suis de plus en plus frappé par l’inattendu, au fond, par la nouveauté….

 


 

.L’imprévisibilité me parait aujourd’hui quelque chose sur lequel on n’a pas assez réfléchi et qui est vraiment profond dans l’histoire et la société…..

 


 

Il y a dans l’imprévisible quelque chose qui est un ressort.
D’où le nouveau surgit il ?
Penser trop dans la logique, trop dans la nécessité est une erreur.

 


 

Le rameau qui surgit, l’inattendu rompt et ne rompt pas. Les ruptures que nous avons vécues au XX° siècle, avec les grandes tragédies issues du nazisme, du fascisme, du stalinisme, du maoisme etc…n’étaient peu-être pas de grands déplacements philosophiques, c’étaient des conservatismes, des pensées de récupération pas révolutionnaires.

 

Tant de morts et de tragédies pour ne pas bouger, pour transformer le tsar en Staline..c’était peu…C’est maintenant que le monde bascule vraiment.

 

michel-serres2.jpg

 

Une nouvelle manière de voir la vie, de partager de parler, une nouvelle culture est en train d’émerger. J’ai l’impression qu’un nouvel homme n’est pas loin.
»Le monde hurle parce qu’il est en train d’accoucher ».

 

Les terminologies, les cultures ont changé de façon fantastique, les villes de façon incroyable, le rapport à la Religion, à la morale….

 

.par rapport à la guerre on a l’impression que les peuples sont aujourd’hui plus sages que leurs propres gouvernants.

 

On a l’impression que la société réelle est en avance sur ses propres institutions..comme si les institutions d’aujourd’hui ressemblaient à ses étoiles dont on reçoit encore la lumière et dont les astronautes nous démontrent qu’elles sont mortes.

 


 

La technique sort de nous : qu’est ce qu’un marteau sinon un avant bras attaché à un poing ? Le Corps humain accouche de la technique et celle ci est donc extrêmement proche de la biologie : l’homme est un animal dont le corps a produit des équivalents externes.

 

Ce qui nous arrive aujourd’hui avec les bio et nanotechnologies est tout à fait cohérent avec la vielle idée de la technique.

 

La différence entre un animal et nous c’est que nous avons une espèce de souplesse nouvelle que nous avons inventée à l’aide des outils.

 

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Le risque zéro est une absurdité mathématique..

 

Ne pas traverser la rue, ne serrer la main à personne sont des traces de vieillesse.

 

Quand mon grand père parlait des riches, il disait : « ils se plaignent d’aise. Ils ont toujours une cerise sous l’oreiller qui les empêche de dormir »
J’ai l’impression que dans nos civilisations de confort, on se plaint d’aise….

 

Fort heureusement, quand il y a une très grosse difficulté dans la vie courante, il y a une chance chez l’homme c’est que les enfants désobéissent : cela veut dire qu’Einstein a désobéi à Newton et que Lavoisier a désobéi à l’Alchimie.

 

L’espèce humaine disparaîtrait si les enfants faisaient comme les parents.

 

Au fond, je me demande si l’humanité n’a pas été inventée par une certaine Eve : elle a désobéi et fait bifurquer l’humanité vers un autre point de vue : je ne fais pas pour autant l’éloge de la délinquance ! Mais ne pas rester dans le format….

 


 

Le savoir n ‘est plus la propriété des clercs. Aujourd’hui il y a dans la rue une masse de gens concernés par les problèmes scientifiques. C’est un nivellement complètement nouveau…

 


 

L’internet est la nouvelle Encyclopédie. Elle a une forme nouvelle, elle est formatée autrement, mais elle est aujourd’hui le format du savoir…

 

Pose t elle un problème de fiabilité ?

 

Venez donc avec moi à la bibliothèque nationale et vous allez me dire quels sont les livres vrais et les livres faux ! les livres dangereux et les saloperies !

 

 

La masse du savoir n’a jamais été purifiée, et qui le pourrait ?"



Nous avons appris à nous nourrir de complémentarité
L'Autre, l'Altérité, la Nouveauté, l'Inattendu nourrissent notre identité...
La Création gémit dans les douleurs de l'enfantement...

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