Bonnes Manières
Bonnes Manières
"C'est
un bon diplomate,mais il sait ce qu'il veut"...dit l'un, "C'est un
homme de caractère mais il est sensible et attentif à chercher de
bonnes relations"..repond l'autre...Le diplomate et cet homme qui
cherche les bonnes relations ont déjeuné ensemble et "aucune assiette
n'a volé"...
Ainsi donc la messe est dite..en
latin bien sûr et dans l'Eglise reviennent au premier plan comme règle
de conduite la diplomatie et les bonnes relations...
C'est
dans ce climat que l'on vient de signer un accord en vertu duquel les
catholiques qui souhaitent revenir aux pratiques de 1962 peuvent le
faire...
Que s'est il passé en 1962 : 3500
évêques environ se sont réunis en concile autour du Pape, evêque de
Rome : ils ont travaillé réfléchi échangé et prié ensemble pendant 3
ans et à une majorité "écrasante"ont voté des textes parmi lesquels
certains ont reçu la qualification de "constitution apostolique"; ces
textes ont été promulgués par le Pape pour enrichir et approfondir la
mission, la vie et la pratique de l'Eglise dans le monde de ce temps.
Une
minorité (à peine 1 ou 2% des évêques) s'est pratiquement opposée à
toutes les reflexions et propositions mises en avant par le concile et
ce blocage s'est perpétué dans les années qui ont suivi jusqu'à aboutir
autour de Mgr Lefèvre à un véritable shisme..
Ces
deux hommes qui ont échangé de belles manières avec diplomatie et ont
fêté cette possibilité de mettre le concile entre parenthèses, qui sont
ils ?
Il s'agit du Cardinal Archevêque de
Bordeaux, président de la Conférence épiscopale française et comme tel
chargé de faire vivre les décisions du Concile, représentant en quelque
manière ce qui était la majorité des évêques au concile et d'autre part
d'un ecclésiastique dissident et deux de ses compagnons qui depuis la
fin du Concile n'ont jamais cessé d'en tourner les décisions en
dérision et représentant les 1 ou 2% d'opposants dans l'assemblée
Conciliaire...
Il est bien précisé que les
salaires de ces deux ecclésiastiques sont pris en charge par le diocèse
du cardinal et que le denier du culte et les quêtes collectées par les
dissidents seront reversées à l'économat diocésain...
Bien sûr, cet article du "Sud-Ouest" se conclue par une "bonne parole" : "que tous soient un pour que le monde croie"..
Il
est à craindre pourtant que cette citation ne soit au bord du sacrilège
! Et la question se pose de savoir si elle ne vient pas "couvrir" un
certain nombre de récupérations de la Foi, du Concile, de la Mission
d'Evangélisation de l'Eglise...
Derrière ces bonnes manières et arrangements diplomatique en effet n'y a t il pas ?
-
Une récupération sociologique : ce sont de bons bourgeois traditionnels
ou aristocrates qui reviennent imposer à toute l'Eglise leurs modes de
vie...et leur personnel comme en témoigne par exemple la récente
nomination du directeur national de l'enseignement catholique .
-
Une récupération idéologique : comme le soulignait le Père Rouet,
vicaire général de Bordeaux dans la croix, c'est une volonté d'imposer
dans l'Eglise une vision "maurassienne", souvent d'extrême droite et
d'instrumentaliser l'Eglise aux fins d'une propagande qui ne dit pas
son nom.
- Une récupération matérielle et
financière : beaucoup de diocèses de france sont aux abois sur le plan
financier et quelques évêques s'en arrachent les cheveux : la prise
encharge du salaire de quelques prêtres intégristes n'est rien à côté
de la manne que constitue le potentiel financièr de leurs troupes
qu'ils savent si bien mobiliser.
- Une
récupération d'image et de visibilité : le clergé français est
vieillissant et la relève manque : tout le monde le sait dans l'Eglise
et en souffre, à commencer par les premiers intéressés : la question
posée est lourde de remises en question necessaires ! C'est tellement
plus simple de faire appel à ces légions de jeunes intégristes en
soutane et col romain soigneusement formatées dans un système archaïque
et replié sur soi !
Sans doute on pourrait
encore décliner le thème de la récupération...Récupération par
l'"avoir", le "pouvoir" et le "savoir" !Mais ici on ne cherche ni à
dénigrer ni à détruire et surtout pas en tirant à bout portant sur une
ambulance..
La vraie question est de savoir où
donc se trouve la seule Eglise possible, l'Eglise servante et pauvre du
Concile, attentive aux "signes des temps" à leur compréhension, à leur
message propre à enrichir une tradition séculaire qui ne peut jamais
être figée ?
Où s'exprime donc la mission
confiée aux Apôtres d'Evangéliser, de transformer l'appétit de pouvoir
en "service", la sécurité des savoirs en "écoute", la cupidité des
avoirs en "partage" ?
Dans ces pages
quelquefois dures et sans complaisance (sans diplomatie ni bonnes
manièreres) nous essaierons de répondre à ces questions avec tous ceux
qui souhaiteront apporter leur pierre...Le Virtuel mettra peut être
ainsi en évidence quelques réalités bien réeelles !