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VIVRE FAIRE VIVRE
1 avril 2007

Populorum Progressio

Quarante ans déjà...
Avec "Ecclesiam suam" sur le dialogue dans l'Eglise, "Evangelii Nuntiandi" sur la mission d'Evangéliser, "Populorum Progressio" fait parties des grandes encycliques de Paul VI écrites dans la période ou le rayonnement du Concile Vatican II.
Tout le monde est bien d'accord pour accepter que le precepte numero un de l'Evangile a une valeur universelle et peu le contestent d'où qu'ils viennent : "Aimez vous les uns les autres" c'est du bon sens même si l'on oublie souvent la fin de la phrase "....comme je vous ai aimés"...
Mais une fois que l'on dit cela, qu'a-t-on dit en fait ?...Finalement pas grand chose car dans la pratique quotidienne des personnes, des communautés, des peuples, c'est quoi d'aimer les autres ? Les comportements concrets sont à inventer tous les jours ..!
Aux enfants de ma génération,  on apprenait à faire une "BA" (Bonne action) par jour : on se privait de quelquechose pour le donner à l'autre..C'était bien : l'autre était certainement content (encore que l'on n'en savait souvent rien du tout)...mais surtout, on était soi même satisfait et le soir , l'"examen de conscience" était positif !
Dans la sphère de la vie en société marquée par tous les déséquilibres et toutes les inégalités que chacun connait, le commandement de la charité s'est traduit de façon bien diverse à travers les périodes et en fonction des idéologies et des intérêts..
A celui qui en bordure du desert n'avait pas d'eau, on apportait de l'eau : il pourrait mieux vivre, mais l'on créait ainsi un lien de dépendance ; à celui qui avait faim, on portait de la nourriture : il pourrait mieux manger mais se créait un lien de subordination avec le donateur...
En réfléchissant sur ce qu'est réeelement la Charité, avec le souci de faire exister vriament les personnes et les peuples..on a compris qu'il valait mieux que celui qui avait soif apprenne à creuser un puits et que celui qui avait faim apprenne à cultiver la terre : ils vivaient mieux mais prendraient leur vie en charge de façon plus autonome...
L'Encyclique de Paul VI, dans le prolongement de cette reflexion enfonce le clou : le "developpement des peuples" est le nouveau nom de la Paix..
A ce stade de cette page, mieux vaut que le lecteur aille lire le texte de l'encyclique que la prose que je pourrais écrire ne ferait que polluer..et ce serait bien dommage !

Mais un souvenir me vient à l'esprit à propos de ce texte.
En cette fin de 1967, alors que je venais d'arriver au Séminaire Français de Rome, le Centre Saint Louis de France avait organisé une conférence sur le thème "Théologie du developpement".
Le Père Manaranche (SJ) proposait une lecture et un commentaire de l'encyclique de Paul VI sur le developpement.
Au séminaire français, était alors en gestation le groupe de séminaristes intégristes, fidèles de Mgr Lefevre, qui donnerait naissance à la "Fraternité Saint Pie X" ; nous partagions la même vie de séminaristes mais nos relations n'étaient pas faciles.
Ce jour là, nous avions trouvé la conférence du Père Manaranche passionnante et elle se prolongea d'un jeu de questions-réponses au delà du temps prévu.si bien que les participants venus du séminaire français se présentèrent en retard à la table du refectoire pour le repas du soir.
Nous entrâmes donc dans ce refectoire où seuls avaient déjà pris place ceux de nos confrères qui n'avaient pas participé à la conférence c'est à dire pour l'essentiel nos "amis" intégristes.
Alors que je prenais place à table, je me trouvais en face de Paul A.... : il était d'un an plus jeune mais déjà très déterminé dans ses positions intellectuelles ; comme moi il était fils de notaire, ce qui forcément crée quelques affinités et nous arrivions à causer un peu ..de temps en temps !;
A peine je suis assis face à lui, il me lance : "Alors, cher Michel, la Théologie du developpement !! Bientôt vous vous précipiterez vers la théologie de la pêche sous-marine !!"...Pour Paul et ses amis, il n'y a qu'une théologie possible : la théologie qui traite de "Dieu" lui-même...
Nous avions ainsi des conversations  "aigres-douces" sur tous les sujets qui touchaient la Foi et la Vie Chrétienne  ; ma formation et ma  culture familiale me permettaient une certaine communication  avec  Paul et ses amis qui me plongeait  au fil du temps dans  une perplexité croissante !  Comment pouvait on  être aussi attaché à l'Eglise et à sa Tradition  sans  accepter  que celle-ci  ne vive  ?  Et, dans ces années  post-conciliaires , à Rome, la Tradition pétillait de Vie !
En vivant la proximité avec ces jeunes camarades intégristes, j'ai eu le sentiment qu'ils ne bougeraient jamais pour une raison très simple : la confusion entre la Foi, leur Foi et leur ideologie, leur culture ! A leur idéologie et la culture de leur milieu social, ils ne sacrifieraient rien et leur Foi, leurs convictions religieuses, leurs pratiques resteraient toujours "régentées" par les impératifs de leur culture et de l'idéologie de leur groupe humain...
C'est bien dommage car il est clair pour moi que la foi doit transcender la idéologies et les cultures humaines : la théologie, la liturgie, la morale, la vie chrétienne ont vocation a pouvoir s'exprimer de façon parfois différentes dans des cultures "humaines" différentes ; La Foi et la Théologie qui en est la facette rationnelle ne saurait fonder quelque culture dominante que ce soit : elles sont au service de chaque culture pour en extraire et en manifester la richesse propre.....
Quarante ans plus tard, j'ai revu Paul l'autre jour à la télévision et entendu son discours : il porte la même soutane qu'il y a quarante ans, il déambule du même pas les mains dans les poches de sa soutane..derrière les mêmes lunettes, il a le même regard intelligent et peut être attachant mais toujours aussi narquois, provocateur et sûr de lui...il tient le même discours...
Avec l'un ou l'autre des ses compagnons, fort de leur visibilité médiatique, de leurs ressources en vocations (?) en institutions et autres richesses , ils ont réussi sans la moindre concession à se faire admettre, et donc à faire admettre leurs attitudes par la hiérachie catholique actuelle ! Ils disent même qu'ils auraient reçu mission de "relire" ou "revisiter" (comme on dit maintenant) le Concile Vatican II...(Le retour des traditionalistes)
Non, l'Eglise qui avance, l'Eglise qui entend l'appel à la mission qui la constitue n'a rien à faire avec cette attitude là qui est une négation profonde de ce qu'elle est...à moins que l'Eglise soit nostalgique du temps où elle avait l'impression de s'imposer, d'imposer ses valeurs et rêvait d'un messiannisme où elle serait reine !!
Il n'y a qu'un messianisme, celui du Messie qui vient au milieu des pauvres et les attire à lui, de tout peuple, de toute race de toute culture, pour le salut de la multitude...
L'Eglise n'a de sens qu'au service de se Messie-là et elle devrait dire comme Jean Baptiste : il faut que je diminue pour qu'il grandisse !!!  (Jean 3,29-30)

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